Interview de Jeremy Burgess: (traduction approximative de Motosprint.it )
Tu n'as pas été surpris de la façon dont se sont passés les tests de Valencia ?
« Un peu: il faut avant tout évaluer les conditions physiques de Valentino. Parce que c'est ceci qui a tout conditionné. Valentino n'aurait pas éprouvé toutes ces difficultés s'il avait été en meilleure condition physique ».
Dans le box, cela a été une certaine surprise.
« Nous sommes restés surpris, c'est vrai, mais non préoccupés. Certes, lorsque nous avons entamé le travail avec les
Ducati, mardi matin, nous avions en tête les temps que Valentino avaient fait le week-end précédent. D'un seul coup, les chronos ont changé : nous sommes passés du top au fond en un instant. Nous avons commencé avec beaucoup de calme, concernant l'organisation, parce que nous savions que Valentino devrait faire beaucoup de tours et que donc, physiquement, il devrait gérer son énergie. Nous pensions que dans la seconde journée il aurait été plus rapide, mais cela n'a pas été ainsi parce que sa condition physiques'est rapidement aggravée ».
Mais le problème du train avant a bien été réel?
« Oui, mais je ne suis pas encore convaincu que les
Ducati ait un vrai problème à l'avant. Je ne pense pas que la moto ait un problème aussi sérieux qu'il ne puisse être résolu par des réglages. Je le répète : je crois que les problèmes ont été déterminés par limites physiques de Valentino, avant tout ».
La
Ducati t'a-t-elle semblé impulsive ?
« Elle est différente des japonaises : elle est plus dur dans les changements de direction, et a des caractéristiques différentes en ce qui concerne la maniabilité. A coup sûr, ceci n'a pas aidé Valentino : il était déjà souffrant dans les dernières compétitions, on peut s'imaginer dans quelles conditions il pouvait être mardi et mercredi, après la fin du championnat ».
Mais la moto, pour le moment, ne semble pas avoir un comportement adapté à Valentino.
« Il est normal que cela demande un peu de temps pour comprendre comme elle réagit et comment elle doit être réglée. Je crois que cela reste un projet gagnant, donc que la moto est bonne. Les courses de Stoner le démontre».
Mais lui, il a un pilotage particulier.
« Oui, cependant Casey aurait pu vaincre beaucoup plus de compétitions cette année. Et si à Valencia il n'avait pas choisi une gomme trop dure, il aurait probablement dominé comme il l'a fait au Japon et en Australie. Ceci veut dire que la moto a terminé la saison en grande forme ».
Stoner est beaucoup tombé et a souvent déclaré de ne pas avoir feeling avec l'avant.
« Dans la plupart des cas, il a commis des erreurs en début de course, jamais à la fin : ceci veut dire qu'il a piloté avec trop de fougue, pas que la moto l'a trahi. Il s'est mis trop de pression dans les premiers six ou sept tours. Il est tombé à cause de ça ».
Du point de vue stratégique, c'est-à-dire au sujet du développement de la moto pendant les trois prochaines sessions de tests d'hiver, avez-vous déjà établi un plan avec Valentino et Filippo ?
« Oui, mais nous n'avons malheuresement pas une marge de manoeuvre très vaste. La situation de Valentino nous oblige à partir lentement, avec l'objectif de croître graduellement. Donc en Malaisie, début février, nous devrons recueillir le plus grand nombre de données possible. Cependant plus que technique, le problème est maintenant humain : nous devons attendre que la nature suive son cours ».
C'est-à-dire, que Valentino guerisse.
« Déjà, même parce qu'une se développe sur la de base d'informations que l'on peut contrôler dans la pratique et ceci nous ne pouvons pas encore l'avoir ; je parle de ces informations qui ensuite permettent de faire évoluer le projet, naturellement. Jusqu'à maintenant, Valentino n'est pas dans une condition physique apte à piloter comme il sait le faire, donc apte à comprendre réellement le comportement de la moto, donc nous ne pouvons pas avoir ce type d'information».
Chez
Ducati ils ont déjà mis la main à la pâte, après les deux jours de Valencia.
« Oui, mais ils ne changent pas fondamentalement pas la moto. Et c'est bien comme ça, parce que la situation des
Ducati à la fin du 2010 ne peut pas se comparer avec celle de la Yamaha à la fin de 2003. Les Desmosedici sont des motos qui gagnent des compétitions, qui luttent toujours pour le podium. La Yamaha de cette époque avaient obtenu un seul podium dans tout l'année, et pour le reste, elles étaient toujours très en arrière ».
Donc tu penses qu'il suffira de travailler sur la mise au point ?
« Je pense que nous résoudrons les problèmes que nous trouverons sur les
Ducati, comme nous avons résolu ceux de la Yamaha. Mon unique regret, est que nous ne pouvons pas accélérer le pas tant que Valentino ne donnera pas de vraies informations . Mais au même temps je suis tranquille parce que nous pouvons nous permettre d'attendre : les
Ducati sont des motos déjà compétitives. Et je sais bien qu'à l'instant où Valentino sera fort physiquement, nous serons en mesure de faire des gros progrès rapidement ».
Quel type de travail as-vous fait, dans ces derniers jours à Bologne ?
« Je me suis familiarisé avec l'entreprise, les techniciens, et les motos. Nous sommes dans la phase dans laquelle nous devons trouver une bonne méthode de travail ».
Quelles sensations avez-vous éprouvées en étant avec les italiens ?
« Bonnes, mais je suis habitué à travailler et à fréquenter les italiens. À part Valentino, j'ai toujours crû en vous, italiens, parce que dans l'histoire de la moto, vous avez toujours été des protagonistes : comme pilotes, constructeurs, managers, techniciens ».
Penses-tu que devras changer ta façon de travailler pour suivre la méthode
Ducati, ou bien ce sera le contraire ?
« Il suffira de se retrouver au milieu de la route. Les gens que j'ai rencontré dans l'entreprise me semblent enthousiastes, et j'ai vu beaucoup de détermination. Et ils m'ont semblé tous disposés à changer un peu leur façon de travailler, parce qu'il s'agit d'une nouvelle expérience pour tous : nous pouvons tous apprendre quelque chose de nouveau, de cette aventure ».
Il y a un enthousiasme pour Valentino!
«
Ducati veut travailler durement pour lui donner cela dont il a besoin. En effet, en tournant dans l'entreprise et en parlant avec les personnes qui sont impliquées dans ce projet, il m'a semblé revenir un peu à l'atmosphère qu'il y avait chez Yamaha, il y a sept ans».
Les Desmosedici sont connues pour être compliquées, pas seulement question pilotage, mais aussi en ce qui concerne le montage et le démontage.
« Je l'ai déjà noté, mais ce n'est pas un drame. Il faut seulement travailler un peu de plus, et d'une façon différente. C'est question d'habitude ».
On dit qu'à Valencia, au terme des premières journées d'essais de Valentino, les mécaniciens étaient un peu choqués de tout le travail qui faut faire sur les
Ducati par rapport à une moto japonais.
« Je ne suis pas resté choqué. La
Ducati est différente, certainement, et est plus compliqué, mais ce qui compte est que rien ne limite te talent du pilote ».
Est-elle vrai, la légende d'une Desmosedici constituée de nombreuses petites pièces?
« Il me semble que c'est vrai… Mais le fait qui cette moto ait tant de petites pièces , qu'elle soit plus laborieuse dans la phase d'assemblage, ne dérive pas d'une mauvaise conception mais seulement du fait que les
Ducati sont jeunes en matière de grands prix. Elles courent depuis peu d'années, donc elles ne sont pas encore arrivées à la phase de simplification du travail dans le box ; une phase atteinte par Honda et Yamaha parce qu'ils font les Grands Prix depuis trente ou quarante ans ».
Donc les
Ducati doivent progresser, même sur ce point ?
« Le « Packaging » de la moto peut être amélioré, mais nous y arriverons. Du reste, nous avons eu des problèmes semblables, même lorsque nous sommes arrivés chez Yamaha, il y a sept ans. Parce que nous venions de Honda… ».
En certaines choses, les Japonais sont très en avance, n'est-ce pas ?
« Eh, c'est vrai, mais nous avons aussi optimisé l'assemblage de la Yamaha, et apporter un soin particulier aux détails. Et si nous l'avons fait avec la Yamaha, nous pouvons faire la même chose avec les
Ducati ».
Stoner sur une Honda officielle, cela fait peur ?
« Je ne suis pas surpris de la façon dont il a piloté lors des tests de Valencia. Son problème n'est pas d'aller vite, en effet il est probablement le pilote plus rapide du monde. Comme nous l'avons vu dans le championnat 2010, pour obtenir certains résultats, il faut aussi être constant : Casey n'a pas été en mesure d'être devant Valentino, au championnat, malgréqu'il ait participé à toutes les compétitions pendant que Valentino en a raté quatre et que dans beaucoup d'autres, il a souffert de son épaule. Stoner a piloté de manière splendide au Japon ou en Australie, mais aussi est sorti au premier tour en Malaisie, alors il n'était pas nécessaire de piloter de cette façon ».
L'opinion commune est que Stoner, avec Honda, sera plus fort.
« Il n'est pas sur une Honda officielle par hasard. Honda ne veut pas perdre de temps et concrétiser une série de grands investissements que ce soit ence qui concerne la moto que l'organisation. Dans un an, on entrera dans une nouvelle ère et il est clair que Honda veut être un acteur majeur dès le début. Et en parlant de 2011, leur moto semble vraiment compétitive ».
La Yamaha s'est-elle affaiblie ?
« Cela est sous les yeux de tous : ils ont perdu Valentino, ils m'ont perdu, moi et mon groupe, et il ya deux ans; ils avaient déjà déjà perdu des importants ingénieurs, experts en électronique ».
Doit-on s'inquiéter, pour Yamaha ?
« Pour l'immédiat, non. Ils ont Lorenzo, qui est jeune et très fort, et pour l'an prochain il a une très bonne moto. Ensuite, pour le futur, nous verrons comment Lorenzo développera la « mille ». En tout cas, je pense que ce sport est fait de cycles : le projet naît et va au top, ensuite, il commence à baisser. La Yamaha a eu un très bon cycle, de 2004 à aujourd'hui, donc nous verrons combien encore, ils resteront à ces niveaux. Je pense que la Yamaha en 2011 sera très fort, mais je pense aussi qu'il sera de même pour Honda ; et en second lieu, les
Ducati seront également fortes… ».
As-vous vu souvent, Valentino, dans les jours passés en Italie ?
« Oui, assez. Nous avons même été dîner ensemble. Nous avons parlé et avons plaisanté beaucoup. ».
Comment l'as-vous trouvé ?
« Un peu souffrant, parce qu'il fait face à l'accident le pire de sa carrière. Et il ne peut pas se reposer comme le font les autres pilotes. Cependant je l'ai vu avec un très bon moral: l'esprit est intact, donc je ne suis pas nullement préoccupé ».