(Oldies) Phil Read, etc...!

Une suggestion pour les modérateurs    :
on pourrait peut être regrouper dans cette rubrique, qui concerne spécifiquement Phil Read, certains ou même la plupart des messages postés ces derniers jours dans : "[Oldies] Malheureusement, ils sont partis..."
Qu'en pensez vous ?

Damien en lisant ton post je me suis dit que tu avais lu dans mes pensées ! En fait je me suis dit que ce serait bien de regrouper les différents commentaires relatifs à Phil Read éparpillés çà et là dans Pitlane. Du coup j’avais commencé mes recherches et ta suggestion d’utiliser ce topic est tombé à pic !
Avertissement ; il n’y a aucun respect de chronologie en rapport avec la carrière de Phil. Le lecteur devra donc faire preuve d’indulgence à ce propos et accepter les allers retours dans le temps durant la lecture. En revanche le topic originel d’où proviennent le(s) post(s) est mentionné en titre.
C’est parti !

Sujet: Re: [Oldies] Yamaha Classic Racing Team Mar 15 Juin 2010

Jarno a écrit:

janpol84 a écrit:

En 67, les supporters de Hailwood (dont j'étais) ne portaient pas Read, son rival, dans leur coeur, rien que de plus normal...
En 68, après le retrait de Honda, les Yamaha 4 se retrouvaient sans rivales en 125 et 250, et les consignes d'usine étaient que les deux pilotes, Read et Ivy, devaient s'entraider afin de se répartir les titres. Ivy a joué le jeu en 125 au bénéfice de Read, mais en 250 Read n'en a pas fait autant et s'est au contraire débrouillé pour tenter de rafler le titre. En fait, les deux pilotes ont terminé à égalité de points, et l'affaire se serait joué sur le tapis vert. Pas très glorieux pour Read, donc...

Plus tard, le titre 250 en 1971 sur une Yamaha préparée par Ferry Brouwer, et les deux titres 500 sur les MV d'usine ont complété un palmarès qui reste quand même parmi les plus complets. En plus, son passage chez MV lui a donné l'occasion de battre Ago, qui venait de connaître 5 ans de domination faute de rival, ce qui lassait tout le monde. Du coup, Read était un peu remonté dans notre estime...

Quand au 8ème titre mondial, il existe bien, sauf que ce n'est pas à proprement parler un titre obtenu au terme d'une saison de GP, mais le résultat d'une seule course, le Formula I TT de 1977 sur l'île de Man, ce qui n'est pas vraiment comparable.
Mais bon, un titre est un titre. Va donc pour les 8 titres de Read ! !

Jarno, toi qui connais l'Histoire, qu'est-ce que tu en penses?

Compliqué comme question bien sur...
Hailwood et Read, c'est un peu Brett Sinclair et Danny Wilde.

Hailwood né dans une famille très aisée, avec Rolls et un jardin assez grand pour qu'on trace un circuit de grass track pour le petit...
Read issu d'un milieu modeste...

Hailwood d'une classe éclatante, un talent instinctif sans doute unique dans l'histoire, capable de gagner sur n'importe quelle machine sans trop chercher à savoir, et sans jamais donner l'impression de forcer, sauf sur la grosse Honda R171 (ou R181 je ne sais jamais) qui ne tenait absolument pas la route.

Read qui a du s'imposer à la force du poignet, pour qui tout a été plus difficile bien entendu.
Ca forge un caractère de dépendre des résultats pour vivre, se loger, se nourrir. On fait moins de cadeaux, forcément.

Read raconte une version bien différente de l'histoire Ivy, rappelant tout d'abord que c'est à lui que Little Bill devait d'avoir été appelé pour piloter une Yamaha, et affirmant qu'ensuite Ivy avait intrigué pour obtenir ces ordres de l'usine, ce qui a ulcéré Read...

Read a été blacklisté un peu en 69-70, courant le cachet dans des courses inter.

Et puis il y a eu 1971, un come back exceptionnel.
Wanted chez Yamaha depuis 68, Read achète une paire de TD2 compé-client, confie le moteur à Helmut Fath, vire le cadre en acier Yamaha et fait fabriquer un cadre aux même cotes chez Eric Cheney, en Reynolds 531, plus de 2 kilos plus léger, plus rigide aussi, et impressionnant avec sa finition chromée.

Read casse au premier GP mais gagne les trois suivants, écrasant les semi-officiels Yamaha Rod Gould et Kent Andersson... La fin de saison sera plus difficile, mais Phil décrochera quand même le titre, son 4ème dans la catégorie.

Et puis en 72 Read fait un coup d'esbroufe fabuleux à Charade, un coup tordu à la Read, parce qu'il doit être prêt à tout pour survivre.

Engagé en 500 sur une Suzuki twin, le moteur casse aux essais.
Read s'aligne sur la grille du GP de France 500 avec sa 250 Yamaha, pour toucher sa prime de départ.
Fin du premier tour, Read est en tête devant Ago et son invincible 500 MV Agusta !!!
Il s'arrêtera presqu'aussitôt, n'ayant sans doute pas mis beaucoup d'essence pour optimiser ses chances de faire un coup d'éclat, alors qu'Ago trimbale un réservoir plein, et puis de toute façon il aurait été déclassé à l'arrivée, puisque la catégorie est réservée aux 351-500cc.

Mais déjà fragilisé par les victoires de Saarinen en 350 sur sa petite Yamaha semi-usine, Ago est vert de rage... d'autant plus que le coup d'éclat de Read a plu au Comte Agusta, qui engage l'Anglais presque aussitôt, officiellement pour aider Ago à lutter en 350 contre les Yam.

Dès 73, Read obtient les 500, et un traitement égal à celui d'Ago, sur le plan technique au moins, et le début de saison tourne au cauchemar pour le bel Italien, archi dominé par Read à moto égale.. Read est sacré champion 500 sur MV, titre qui "appartient" à Ago depuis 1966 !

Furieux, Ago trahit la Meccanica Verghera et passe chez Yamaha pour 1974, mais à nouveau Read le domine et garde son titre... IL faudra attendre 1975 pour qu'enfin les 2 tps déboulonnent la MV, mais Read n'a pas démérité, loin de là, notamment à Spa où il signe le tour le plus rapide jamais enregistré en GP, à plus de 218 km/h de moyenne !

Read continuera un peu en 76 sur des Suzuki RG500 privées, tandis qu'Ago récupère des MV, puis se contentera d'apparitions à nouveau épisodiques, notamment en retournant au TT qu'il boycottait durement depuis des années... Et c'est là que sur une course, le TTF1, disputée sur une Honda usine, Read décrochera un 8ème titre mondial...

Alors, Read plus grand qu'Ago ?
Pas si simple... Il est arrivé super motivé, les dents rayant le bitume, alors qu'Ago avait la belle vie depuis des années, quasi sans adversaires... A Hockenheim, Ago a gagné en 500 avec 2 tours d'avance sur le second. Lors d'une autre course, il s'est arrêté aux stands pour voir s'il avait battu le record du tour, puis il a repris la piste, sans perdre la tête de la course !

Mais chez Yamaha il a assuré Mino, vainqueur début 74 à Daytona pour sa première course sur un 2 tps, et quel 2 tps : la Yamaha TZ750-A, à moteur 700cc... Il sera champion du Monde 350 en 74, son 14ème titre mondial, et en 1976 il remportera une victoire magistrale à Assen sur la MV350.

Et on se souviendra aussi de sa dernière leçon de pilotage, la victoire au Nürburgring sous une pluie battante, la dernière victoire d'une MV Agusta, la dernière d'un 4 tps jusqu'aux MotoGP, une sensationnelle démonstration qui rappelle qu'Ago a été confronté à Redman et Hailwood au début de sa carrière, puis à Saarinen, Read, Sheene et même Kenny Roberts Sr, ce qui fait quand même une belle brochette d'ennemis !

Et puis Read, tout comme il a humilé Ago et sa 500 MV avec sa petite 250 Yamaha compé-client, a été humilié à son tour au TT78, justement par son vieux rival Mike Hailwood. Phil Read, champion du Monde TTF1 en titre, pilote d'usine Honda aux guidons d'une Honda RCB en provenance directe de l'usine, est dominé par Mike The Bike qui pilote une Ducati 900 préparée avec des bouts de ficelle, dans un psychodrame permanent entre l'usine en Italie et le préparateur Anglais...

Pour toutes ces raisons, je place Hailwood au-dessus de Read, mais pas de beaucoup, et les deux hommes ont offert au sport moto dans les années 66-67 quelques-uns des plus beaux combats en 250cc.

Franchement, Bill Ivy était sans doute très sympathique, mais pour moi ce n'était pas la même pointure qu'un Read...

My Two Cents

En complément du post en page 3 de ce topic, Bubu nous a narré d’autres anecdotes à propos de Phil que j’ai rapatrié d’autres topics ;

Sujet: Re: [Oldies] [Vidéos] Mike Hailwood, retour à Mallory Park - Page 2 Jeu 13 Déc 2012

bubu a écrit:

il faudrait que je vous écrive la biographie non autorisée de phil read, vous seriez pas déçus ! un jour de 1992, il débarque chez moi , à paris (enfin à boulogne , c'est du kif) il vient d'être mis en faillite personnelle, il est raide comme un passe lacet et a pris un train de nuit avec un billet à prix cassé - il a un costard gris - il me dit "jacques, comment tu trouves mon costard ? " pas mal je réponds, pourquoi ? tu sais combien je l'ai payé ? non, j'ai pas d'idée ... et lui tout fier : 3 livres, trois livres chez emmaus à londres, faut être con pour payer un costard plus de trois livres - je me marre, on dine tranquilles à la maison, le soir je passe dans sa piaule  lui demander si tout va bien, et lui, en chaussettes, slip et marcel me dit "c'est super chez toi" et nous voilà partis à discuter, une bonne partie de la nuit, les premiers essais au japon avec la yamaha-4, ivy qui fait des guidonnages pas possibles, lui qui avait par prudence emmené une fourche ceriani dans ses bagages, qui n'arrive pas à convaincre les japonais de la monter sur la bécane

Edit : insert d'un autre post de Bubu sur le même sujet

Sujet: Re: [Oldies] GP du Japon des années 60   [Oldies] GP du Japon des années 60 - Page 7 Sam 29 Mar 2014

bubu a écrit:

le premier soir je viens le voir dans sa chambre, lui demander si tout va bien, m'assurer qu'il a trouvé son linge de toilette et tout et tout, je frappe , il me dit entre, et je le trouve assis sur le lit, en chaussettes, slip et marcel, il me remercie de notre accueil et va savoir pourquoi, hein, je te le demande un peu, on se met à parler bécanes - et il m'explique les premiers essais avec bill au japon - ayant vu à monza que la nouvelle 4 cylindres tenait pas la route terrible, il avait récupéré une fourche chez ceriani et était parti au japon avec - et de m'expliquer qu'ils ont essayé cette ceriani sur sa moto, sur celle d'ivy, et que je te mime des guidonnages à grande échelle, et je vois encore mon read agiter et rouler ses bras en me décrivant la grande courbe finale, ses sucettes, celles d'ivy,  il imite la   tronche des japonais terrifiés en les voyant tenir toute la piste, le tout je répète en marcel, slip et chaussettes ! on y resté jusqu'à point d'heure et ça a été comme ça presque toute la semaine ...

...., et moi je le regarde et je me dis merde, je suis dirlo de moto journal, ça baigne pour moi, et lui il est là à faire la manche alors que je l'ai vu rouler en rolls royce - j'oublierais jamais cette discussion - deux jours après ouvre le salon de paris,  je l'emmène aux oscars de la moto sponsorés par castrol, je le fais inviter partout, c'est la star et il flambe dans son costard à 3 livres et je me marre avec lui comme pas possible - et puis juste après la mode des meetings classiques démarre, il se fait payer pour y venir, il vend ses photos dédicacées et hop, c'est reparti, revoilà mon phil grand seigneur comme on l'aime ...

Sujet: Re: [Oldies] Angel Nieto, Mike Hailwood, etc... (Part 2) - Page 9 Mer 18 Nov 2015

[quote="Pierre\"PhilRead""]

Toujours au Sachsenring 1971,photo transmise par Alazorro,Phil dans sa période "Jean Gabin" avec un magnifique marcel...


[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image][/quote

Sujet: Re: [Oldies] Hommage à Patrick Pons - Page 10 Ven 18 Déc 2015

philippe7 a écrit:

Il y a quand même un fond de vérité dans ce tissu de suppositions abracadabrantesques .... c'est l'éventualité du passage de Read chez Suzuki début 75, il semble quasi certain aujourd'hui qu'il a bien été effectuer des essais au Japon mais que (d'après Philou bien sûr ....) Barry aurait mis son veto à son recrutement, en dépit du fait qu'il (Phil) aurait (toujours selon lui) réalisé les meilleurs temps de tous les pilotes d'essai ....

Edit,  Phil et Barry en 1974, photo ajoutée pour agrémenter le post

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Doucement les gars, laissez nous digérer tout ça !

Elle a fait beaucoup parler sur pit-lane, cette bataille pour le titre 250 1968, il y a 54 ans...

Un petit rappel sur la saison Read-Ivy en Championnats du Monde 1968 qui peut compléter ce qui précède.

20-21/04, Allemagne, Nürburgring (Südschleife).
125cc : 1. Phil Read.
Samedi, course des 125 (1e du meeting), Bill Ivy part en tête et passe le T1 légèrement détaché de Phil Read. Au T5, Read le dépasse aisément, Ivy a des ennuis de carburaton. Il abandonne au T10 (sur 13) tandis que Read gagne (+92 secondes sur Anscheidt).
250cc : 1. Bill Ivy.
C’est la 2ème course du dimanche. Les deux Yamaha ont mis 9” à Gould 3ème temps, aux essais. Read-Ivy partent en tête et roulent seuls loin devant les autres. T3, Ivy passe seul, Read a serré sur le circuit. Ivy gagne avec +3’ 1” 2 sur Molloy.

5/05, Espagne, Montjuich.
125cc : les deux abandonnent (vilebrequins cassés).
250cc : 1. Phil Read.
C’est une panne électrique qui a mis Bill Ivy hors course. Read gagne avec +1’ 29” 06 sur Heinz Rosner.

8-14/06, Isle of Man TT.
Lundi 10, 250cc : 1. Bill Ivy avec 2’ 12” d’avance sur Renzo Pasolini.
Voici résumé ce que dit M-R de la course : Read est parti très vite, Ivy plus vite encore : il boucle le T1 avec 14” sur Read (il avait déjà 1’ 20” sur Pasolini au Bungalow), battant dans la foulée et départ arrêté le record de Hailwood (Honda 6, 1967). T2, ravitaillement des Yamaha, Ivy a 9” 6 d’avance sur Read, 2’ 30” sur Paso, environ 4’ sur Rosner, puis Perris et l’excellent Gould (Bultaco-Yamaha). Mais au T3, c’est Read qui mène de 14” 6 (...). Ivy a en fait percé un de ses pots de détente dans un virage pris comme un fou. Mais au T4, Read maintenant tranquille en tête crève à l’arrière et voit passer Ivy éberlué de l’aubaine.
Vendredi 14, 11 h, 125cc : 1. Phil Read, 2. Bill Ivy à 56” 4.
Read & Ivy favoris, Rosner placé, c’est ce qui se passe d’ailleurs au T1, où Ivy, Read, Rosner passent dans cet ordre, 16 km/h de différence entre le 1e et le 3e. Au T2, l’impensable se produit : sur sa 125cc, Ivy fait un tour à plus de 160 km/h (lire : 100 mph), il a course gagnée maintenant, à moins d’un incident. Qui se produit au T3 : « une légère baisse de régime et Read qui a forcé l’allure passe en tête et termine avec une minute d’avance sur Ivy. Tous les deux battent le record général de l’an passé (…). » (Rosner a abandonné au T2.) Le chroniqueur de M-R, installé à Creg-ny-Baa, n’y a vu que du feu, si on se reporte à l’incident célèbre rapporté ailleurs (par ex. par Das Motorrad), d’un Ivy montrant en quelle estime il tenait les consignes de course : après avoir signé son ton au T2, il s’arrête dans le dernier à Creg-ny-Baa [ah, alors, le gars de M-R n’a pas vu ?] et demande aux spectateurs qui mène la course.

29/06, Dutch TT, Assen
12 h 30, 250cc : 1. Bill Ivy, 2. Phil Read à 0” 1, 3. Renzo Pasolini (Benelli) à 1’ 43” 3.
Pour M-R, c’est un spectacle fabuleux (« qu’il ait été orchestré par l’usine ou non ») que celui des deux Yamaha roue dans roue pendant 17 tours.
14 h 15, 125cc : 1. Phil Read, 2. Ginger Molloy (Bultaco) à 2’ 10” 6.
38 partants, ou plutôt 37 car Ivy pousse encore sa Yamaha-4, ne partant qu’avec 300 m de retard… qu’il a rattrapé au T1 puisqu’il passe 2e dans la roue de Read, 50 m devant les MZ de Rosner, Andersson, Szabó, etc. Au T2, idem, au T3 Read passe seul, devant Rosner et Simmonds un peu détachés. Ivy arrive, s’arrête et ne repart pas, blessé au pied dans la bousculade du départ.

7/07, Belgique, Francorchamps
250cc : 1. Phil Read, 2. Heinz Rosner à 7” 0.
(Via M-R) Aux essais : Read 197,279 km/h, Ivy 195,080, Rosner 182,786, etc., marge de sécurité très suffisante pour les officiels Yamaha. Mais voilà, la « glorieuse incertitude du sport » veille. T1, Ivy mène mais Read s’arrête, change de bougie, repart quasi dernier. Bill a +17” au T1 et presque une minute d’avance au T3, sur Rosner de peu devant Gould, d’un peu plus sur Herrero & Szabó. Au T2 Ivy a battu le reocrd du tour à 201,829 km/h, sa consolation du jour car il s’arrête au T4, change de bougie, repart… et ne passe plus. Read qui remonte est alors 5ème (il a passé 17 ou 18 concurrents en 3 tours) et Rosner s’envole devant Gould. Szabó avalé au T5, Read talonne Herrero, à 12” de Gould et 18” de Rosner. (...) T6, Herrero est dépassé, Read est avec Gould, à 7” de Rosner. (...) On pense que Read va ne faire qu’une bouchée de Rosner. Nenni ! Heinz s’accroche, +4” au T7. Dernier tour, Read est dans la roue de l’Allemand, comment le chat va-t-il manger la pauvre souris ? En bout de ligne droite, Rosner surveille l’intérieur, Read attaque à l’extérieur et bascule au bas de la montée puis passe en force. Fini le rêve de Rosner. À l’arrivée, il y a 7” d’écart en faveur de Read.

On est là à mi-saison.
En 125cc, Read (8-88/) mène devant Molloy, Cañellas, Ivy 4ème avec 6 pts (IoM TT).
En 250cc, Ivy (8-88-) mène devant Read (-8-68). Seule course où les deux ont terminé, Dutch TT, avec 0” 1 en faveur de Bill.

14/07, RDA, Sachsenring
125cc : 1. Phil Read, 2. Bill Ivy à 1’ 14” 5.
Facile victoire de Phil, Ivy s’est arrêté fin T1 pour changer de bougie après un tour au ralenti. Il revient fort ensuite, avec le record du tour.
250cc : 1. Bill Ivy, 2. Phil Read à 0” 1, 3. Heinz Rosner à 2’ 9”.
M-R s’interroge : « 250cc : course aux ordres ? L’arrêt-éclair de Read qui menait de quelques centaines de m devant Ivy, le même Read – qui avait rattrapé et dépassé Ivy – se laissant sauter juste avant la fin, était-ce du cinéma ? Seuls les intéressés eux-même peuvent répondre. Mais Read déjà champion 125, il n’est pas interdit de penser que les victoires de Ivy par 0” 1 ne doivent pas tout à l’habileté du pilote. » Cette course-ci fut donc « nettement dominée par Read, parti très fort, contraint (?) à un arrêt éclair aux stands pour remettre de l’eau dans son radiateur, et revenu ensuite devant Ivy qui avait profité de l’arrêt de Phil pour prendre la tête et qui remporta cette course d’une petite longueur de roue. » Et Das Motorrad ne reste pas en reste : « Der Sieger hieß Ivy – weil Read nach Stallorder fuhr » puis fait le même récit que M-R.

31/07, Tchécoslovaquie, Brno
125cc : 1. Phil Read, 2. László Szabó (MZ) à 2’ 45” 9.
Sur le circuit humide, Read part dernier - mais quand le T1 est bouclé, les deux Yamaha sont en tête. Au T6 sur les 8, Read passe seul devant les stands et fait signe vers le bas. De quoi s’agit-il ? Bill Ivy est dans le fossé. Phil Read est presque (mais pas encore tout à fait) champion du monde, selon qu’il y ait un GP du Japon ou non.
250cc : 1. Phil Read, 2. Bill Ivy à 14” 5, 3. Heinz Rosner à 46” 0.
On hisse Bill Ivy en selle, sa jambe gauche trop enflée pour fermer son cuir, après sa chute en 125. Qualifié à mi-grille seulement. Au premier village, Kent Andersson mène de 50 m. Au T1, Ivy bien parti est 3e derrière Rosner. Rod Gould roule en compagnie des ‘usine’. Du T2 à la fin (T9), Bill Ivy 2e s’éloigne graduellement de Rosner. On le hissera de sa moto après course. Le temps pas trop mauvais et le pilotage de Phil Read ont fait de cette course la plus rapide de la journée, quoique moins rapide que l’an passé (le meilleur tour itou). Phil est le plus régulier des hommes de la course et c’est grand’ pitié de le voir devoir se contenter de la 2ème place sous prétexte que Bill Ivy doit être champion, estime le rédacteur de Cycle World. Ivy, malgré sa malchance depuis le début de saison, mène au CM avec 38 pts, +4 devant Read qui ne doit gagner en 250 que s’il ne peut faire autrement [on aura compris].

4/08, Finlande, Imatra
125cc : 1. Phil Read, 2. Bill Ivy à 34”.
Problèmes de frein pour Ivy.
250cc : 1. Phil Read, 2. Heinz Rosner à 2’ 2” 2.
Vincent Glon résume la course ainsi : « Au départ, Henrik Burik, président de la CSI, prévient les pilotes Yamaha que les ordres d’usine sont interdits par la FIM. Ivy prend le meilleur départ mais est doublé par Read et chute au neuvième tour, se blessant à la jambe. Phil Read signe donc son deuxième doublé. (Sept pilotes seulement sont à l'arrivée.) »

17/08, Ulster Grand Prix, Dundrod
125cc : 1. Bill Ivy, 2. Phil Read à 2” 8, 3. Heinz Rosner à 1 tour.
Devant 90.000 personnes, l’Ulster GP débute par les 125. La Yamaha 4 n’a pas le départ facile et Kel Carruthers est premier leader. Ivy part avant Read qui a 200 m de retard sur le paquet quand sa moto craque. Il est pourtant en tête d’une courte tête sur Ivy au T1. Les deux battent le record du tour plusieurs fois, Ivy qui dépasse le ton avec 100.8 mph (soit 162 km/h), puis Read à 164,8 en chassant Ivy après avoir perdu la tête et la possible victoire (ses freins perdent du mordant et il a pris l’échappatoire de la seule épingle du circuit). Rosner, à 2’ des leaders à mi-course, termine la course avec un tour de retard. Read vs. Ivy n’est vraiment pas un publicity stunt, note Cycle World. Ce que prouve encore l’effort surhumain de Read, pour revenir en course, signant le tour à 102.44 mph pour diminuer la victoire d’Ivy.
250cc : 1. Bill Ivy, 2. Heinz Rosner à 2’ 21” 2.
M-R raconte, en 250, victoire nécessaire à Ivy pour conserver une chance de titre. Mais Read refuse désormais de courir aux ordres. Il semble avoir l’avantage sur Bill par sa connaissance du circuit, et avec la pluie qui menace, un atout de plus (Read est des plus rapides sur terrain glissant). Il part comme un boulet, mais Cooper (Padgett-Yamaha) colle à sa roue. Ivy remonte lentement et le duel commence, Phil et Bill alternant en tête. Puis survient l’incident qui ruine les espoirs de Read : un caillou soulevé par la roue AR d’Ivy en tête crève le radiateur de la Yamaha 2e, le moteur de Read s’échauffe, perd des tours et finalement serre au moment où la pluie commence à tomber ! La course est gagnée pour Ivy qui a une frayeur au T3 quand son réservoir (« énorme et inesthétique ») lui semble vide. Fausse alerte.

L’annulation du GP du Japon étant « à peu près certaine » (dixit M-R 1897 du 14/09 présentant le GP des Nations), les enjeux sont clairs pour ce qui est du titre 250 - mais le public a les yeux fixés ailleurs. Read compte 44 pts (4v, 2×2°), Ivy 46 (5v, 1×2°), aucun ne marque, Ivy est champion, champion encore pour tout autre type de résultat sauf victoire de Read. Dans ce cas, tout dépend du résultat de Bill. S’il n’est pas 2°, Phil est titré. Si Ivy est 2°, alors on s’en remet à la CSI.

15/09, Nazioni, Monza
125cc : 1. Bill Ivy, 2. Phil Read à 4’ 18” 5, 3. Anscheidt (Suzuki) à 1 tour
(Voir photo et propos de Pierre"PhilRead" ci-dessus.)
250cc : 1. Phil Read, 2. Bill Ivy à 1’ 51” 0, 3. Santiago Herrero à 1 tour
La course telle que vue par M-R : [Dimanche, la pluie. P-ê un atout pour l’expérimenté Read, pour réduire l’écart sur Ivy.] La bagarre entre officiels Yamaha commence aux essais. Read est soucieux vendredi, tournant 2” 6 moins vite qu’Ivy qui a fait 197,519 km/h [soit 1’ 44” 8], près de 2 km/h de mieux que son record officiel de 67. Or, remporter le titre signifie pour Read gagner. Samedi, nombreux arrêts (bougie, carburation). « What’s wrong? — We don’t know. » Ultime séance, 1’ 46” 9 pour Read, Ivy en 1’ 44” 8… Départ, les 2 Yamaha jaillissent simultanément et filent vers la grande courbe que Read prend en tête. T1, Ivy dans sa roue. T2, Read visiblement plus à l’aise sur le mouillé que “Little Bill”, a 20 m d’avance. Et c’est alors qu’Ivy perd la course : il attaque trop fort, se fait peur et va tout droit, s’enlise dans la bande de sable qui borde l’entrée de la parabolique. Il n’a pas calé, repart mais avec 400 m de retard. Puis sa machine ralentit, Ivy perd 2-3” au début et jusqu’à 10” par tour à la fin sur un Read qui gagne avec près d’un tour d’avance (tous les autres ont été doublés).

Après, ce sont les petits calculs de la CSI de la FIM qui donne le titre à Phil Read sur la somme des écarts entre les deux pilotes (Dutch TT, Sachsenring, Brno, Nazioni).
(Voir Vincent Glon, saison 1968 en bas de page.)

DidierF a écrit:

15/09, Nazioni, Monza
125cc : 1. Bill Ivy, 2. Phil Read à 4’ 18” 5, 3. Anscheidt (Suzuki) à 1 tour....

Illustrations :
Quelques minutes avant le départ des 125cc : Ron Eldridge et Ferry Brouwer les mécanos respectifs de Little Bill et Phil Read font le plein d'essence
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Grille de départ des 125cc: on peut distinguer Dave Simmonds, Kent Andersson, une tripotée de MZ... Les Yamaha boys ne vont pas tarder à prendre place :

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Blandford 1960

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avec Ann sa première épouse

Et comme tous ces grands pilotes il a roulé sur Norton MANX.

Pas sympa pour Ago, Paso, Bergamonti, Provini , Nieto, Herrero,  etc, etc , etc !

Les plus anciens de ces pilotes souvent ont roulé sur leur rivales.

manx51 a écrit:

Et comme tous ces grands pilotes il a roulé sur Norton MANX.

Remarque facile......je crois qu'à chaque catégorie a correspondu un type de machine sur une période bien délimitée dans le temps

En 500 la Manx était incontournable entre la fin des années 40 et la fin des années 60 jusqu'à ce que les pilotes trouvent du matériel plus performant

Le grand nombre de Manx fabriquées sur une si longue durée l'atteste......à propos, un spécialiste peut-il nous dire combien de Manx ont-elles été fabriquées en 500 et en 350, tous modèles de cadres confondus ?

Personnellement sans être un spécialiste de quoique ce soit des anciens de l'usine,au NOC UK disent environ 2000 de ces compé-clients,tous modèles confondus pendant 20 ans

J’ai trouvé 1960, les 2/3 étant des 500....