[Oldies] Pat Evans

Le Mans, Il est encore temps, J'ai fait cette image, probablement peu avant le départ mais un question me revient,
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qui peut être ce pilote si courtisé à côté de Raymond ?

NB: Le titre n'était plus en rapport avec le contenu, j'ai redirigé, il en parle si bien...

Le deuxième temps sur la grille c'était Pat Evans avec le numéro 47..Mais pourquoi était il si entouré ?...

1976..C'est l'année du turbin suite a la reclamation de Pépé. Evans a tourné aux essais en 250 avec une 350 pretée par rené Guili.

Non ! Mémola réplica ? Bon aux essais, mais quand même, ça aide pour le chrono..

Merci Jean, c'est réparé.

@Justin : Memola, Oronzo de son prénom !

Donc pas déclassé , il a pris part à la course avec une 250 ?

C'est plus compliqué que ca. Venu sans moto son manager se fait preter une moto par Guili qui ne lui cache pas que c'est une 350. Il a pris le depart et fait deux ,trois tours en queue de peloton puis a abandonné. Pépé et Fau qui etaient suppleants etaient fous de rage. Ca explique le monde en pré-grille. c'est d'autant plus bizarre que la Diemme lui pretait une vraie 250 pour la course. Bref,pas claire cette affaire. Le talent de Pat Evans n'avait pas besoin de ce sac de nœuds....

Sur la grille au Mans, à côté de Raymond Roche, c'est Jean Ruggia (blouson Yam) et à côté (facile) c'est Tapio Virtanen.

C'était l’époque de la chasse a la starting MONAY.

Sur ce coup je ne sais pas ??
Mais il était fréquent que les pilote avait une brelle pour participer a une autre catégorie, que celle dans la quelle ils excellait.
Et il faisait ainsi quelques tours sans y chercher la gloire, afin d'empocher la prime de départ.

Ca me fait tout drôle de voir cette photo de justin, car je devais être à quelques mètres de lui à peine ce jour là (mais dans l'enceinte spectateurs) et j'avais assisté aux premières loges à l'intervention "virile" de Fau et Offen pour essayer de chasser Pat Evans de la première ligne ....sans comprendre bien entendu à l'époque quel était le problème.

En fait, Evans, qui était arrivé en Europe avec juste sa 750 personnelle dans ses bagages, avait passé un accord avec la Diemme qui devait lui mettre à disposition une 250 pour ce Grand Prix. Mais le vendredi, la machine n'était pas disponible, samedi matin, toujours pas, et du coup Pat a effectivement emprunté une ..... 350 à René Guili, avec laquelle il a fait quelques tours pour assurer sa qualification. Le problème, c'est que même en y allant "mollo" avec une 350, il s'est retrouvé en première ligne des 250 (alors que son temps ne l'aurait même pas qualifié pour la course des 350 .....) ce qui n'était peut être pas prévu dans son plan.

Pat ne s'est pas caché auprès des autres pilotes de s'être qualifié avec une 350 (pour la course, il s'est bien entendu aligné avec sa 250 qui avait fini par arriver...), du coup pensant qu'il allait spontanément se déclasser aucun pilote n'a porté réclamation, et surtout (à mon avis....) les organisateurs n'ont pas trop cherché à creuser la question car à cette époque (un an avant l'arrivée de Baker, deux ans avant celle de Roberts ....) avoir un "américain" au départ d'un Grand Prix, c'était quand même un bel évènement question prestige, cette année là les organisateurs du Mans en avaient deux ( Pat Evans et Pat Hennen qui courait aussi son premier Grand Prix en 500cc) et ils n'étaient sans doute pas prêts à un éliminer un de leur propre initiative.

Donc, au delà de l'aspect "prime de départ" évoqué à juste titre par Joël, il me semble que ça arrangeait bien les autorités que Pat Evans participe à la course.... mais ce n'est que mon avis.

Cette photo de justin ravive décidément bien des souvenirs ..... c'est à la suite d'une évocation de cet "incident" sur la grille du Mans sur le Motorcycle Nostalgia Forum d' Autosport il y a au moins une douzaine d'année que j'ai, d'une part, commencé à communiquer avec Philippe de Lespinay (T54) qui avait bien connu Pat aux States, et d'autre part été contacté par le plus jeune de ses frères, Sean de son prénom, qui était tombé sur mon message en faisant une recherche sur internet pour essayer d'en apprendre un peu sur la carrière européenne de ce grand frère qu'il avait perdu quand il avait à peine 14 ans. Du coup j'ai entamé une correspondance avec Sean qui perdure encore à ce jour, je lui ai donné toutes les infos et photos que je pouvais avoir sur ces saisons 76 et (début) 77 dont il ne savait rien, en échange il m'a ouvert les archives familiales sur toutes les années américaines de la carrière de Pat, et surtout il m'a éclairé sur le contexte familial très particulier du clan Evans ..... Sean a depuis ouvert une page facebook pour Pat, très facile à trouver, qui regorge de photos et coupures de presse, mais qui au delà des documents manque cruellement de chronologie et d'aspect humain.

Du coup je me dis qu'il faudrait vraiment que je vous restitue ce que j'ai appris de l'histoire de Pat Evans, je pense que j'ai toute la documentation nécessaire mais je crains de ne pas avoir la plume adéquate pour retracer l'aspect humain profondément tragique de son histoire (et je pèse mes mots ....) qui mériterait le lyrisme d'un Fügner ou d'un Rosenoire pour la mettre en lumière comme elle le mérite .....

L'histoire d'un gamin passionné grandissant sous la coupe d'un père d'une exigence frisant la tyrannie, mais pour qui rien n'était trop beau pour aider ses enfants à réaliser leur passion ..... les années d'opulence, le garage plein de motos dernier cri, les meilleurs préparateurs, les places de pilote "officiel" financées par papa ..... et puis un jour, le choc en retour, la rupture brutale, irrémédiable, avec ce père omniprésent et étouffant, la rage de montrer au monde entier ce qu'il était capable de réaliser par lui même, sans l'influence et l'argent de son père .... cette courte vie de bohémien en Europe, qui prend fin dramatiquement contre un rail d'Imola, loin de ses proches et d'un père qui trainera jusqu'à la fin de ses jours la culpabilité de ne s'être jamais réconcilié avec son fils, et l'hostilité d'une partie de ses enfants le rendant responsable du tour tragique qu'avait pris la carrière de leur frère.......  

Je m'étais dit à l'époque que cette histoire méritait d'être racontée et conservée quelque part, et puis je suis passé à autre chose, mais aujourd'hui en évoquant Pat à la suite de cette photo de justin, il me semble évident que pit-lane est tout naturellement le meilleur endroit pour partager ce que j'ai pu apprendre ........... Bon, je vais essayer de sortir quelque chose dans les prochaines semaines...


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Pat et son père Dave, Road Atlanta , 1972

Il me semble que tu as déjà pas mal restitué le contexte.

Au delà du purement factuel : le palmarès, les chronos, les paillettes, les infos permettant de comprendre les motivations, les rencontres et leur influence sur le déroulement de la carrière d'un pilote me semblent intéressantes à connaître quand on le peut.

Merci d'avance pour ce que tu nous prépares.

Yessss !!!!

Merci Philippe 7

C'est toujours un vrai plaisir  de te lire

(hé les autres, vous ne pensez pas  qu'il mérite son smiley ? )

J'suis d'ac !

+1 !

Santi pour le smiley !

C'est sûr ! Il le mérite !

[quote="santi"]Merci Philippe 7

C'est toujours un vrai plaisir  de te lire



Oui, Philippe, nous te faisons entièrement confiance pour l'écriture. Tu nous as déjà démontré que tu peux nous faire pleinement partager tes découvertes et émotions dans l'hémisphère sud   . Nous attendons avec impatience ton récit sur la vie de Pat Evans.

Quant au smiley, tout à fait d'accord!

Ca me fait penser à Spirou, oh oui, oncle Paul, raconte nous une belle histoire !

Et merci d'avance

D'accord aussi,cette petite introduction sur la carrière de Pat m'a mis l'eau à la bouche

l'ébauche d'histoire que tu nous as contée ci-dessus me fait penser qu'il serait intéressant d'évoquer l'influence du papa (voire de la maman) sur la carrière d'un Champion. De Ruggia à Lorenzo en passant par la mère de Spies, il doit y avoir des choses à dire !!! Ceux qui se sont effacés, les omniprésents, les casses bonbons, ceux qui croisent leurs doigts, etc...

Dans un des derniers Sport Bike, il y a un article intéressant sur Chicco Lorenzo... On peut dire qu'il y a de la détermination dans le personnage. (En tous cas, je ne vois pas influencer à ce point la vie de mes enfants... mais c'est vrai qu'ils ne seront jamais Champion du Monde)

Il y a des orientations qui demandent un énorme soutient pour pouvoir aboutir à la limite du dirigisme, d'autres de l' effacement et soutient sur demande. C'est d'autant plus vrai que certains parcours doivent débuter très tôt

Merci de vos encouragements, les amis

Et merci à justin d'avoir modifié le titre de son sujet pour qu'il colle mieux au contenu.

Je précise que ce qui suit, surtout ce qui se rapporte au contexte familial, est basé sur les échanges directs que j'ai pu avoir avec Sean Evans, l'un des frères de Pat, et aussi sur 3 articles de magazines US que ce dernier m'avait fait parvenir - articles rédigés en 71 et 72, et assez remarquables, car justement peu complaisants et plutôt objectifs sur le sujet délicat de l'influence du père sponsor-mentor-manager sur le développement de la carrière d'un gamin. Premiers chapitres à suivre ....

Pat est né en avril 1955, le deuxième d’une nombreuse fratrie dans ce que son jeune frère Sean appelle «une famille catholique irlandaise de 10 enfants en 12 ans». Son père Dave était un self-made man comme l’Amérique sait en produire : abandonné très jeune par ses parents, il a navigué d’orphelinat en famille d’accueil jusqu’à ce qu’il s’engage dans les Marines pendant la guerre de Corée. Rendu à la vie civile, il commence à travailler comme ouvrier dans le bâtiment, puis petit à petit, à force de travail, se met à son compte et devient en quelques années l’un des entrepreneurs les plus prospères de la région de San Diego. Mais pour se faire sa place au soleil, il a fallu qu’il se batte pied à pied pour être meilleur, moins cher, en bref plus compétitif  que ses concurrents déjà établis. Cet esprit d’exigence, de compétition, marque très fortement son caractère déjà bien trempé, doublé d’une volonté et d’une détermination à toute épreuve.  

Dave veut que ses enfants réussissent, et indépendamment de leur cursus scolaire, il est prêt à les aider tous à vivre leurs passions, mais le deal est très clair : vous choisissez l’activité qui vous plait, c’est votre choix à vous seuls, je vous aide matériellement sans y mettre de limite, mais vous vous accrochez, vous n’avez pas d’états d’âme, vous y mettez toute votre énergie, et vous gagnez. C’est donnant-donnant.....

Et de fait, les enfants Evans réussissent plutôt bien. L’ainée des filles, Tracy, est championne de Californie de Moto-Cross avant qu’une blessure ne mette fin à son ascension. Elle se reconvertit dans le vélo, sur piste et sur route, et rate d’un cheveu sa qualification aux JO de 1988.  Deux autres sœurs pratiquent l’équitation à haut niveau. Sean, pour sa part, est un coureur de demi-fond de niveau national.  Mais le premier de la famille à s’intéresser à la course moto, c’est Kelly, l’ainé de la fratrie. Son père, sans hésiter, se rend chez Don Vesco, qui habite à quelques kilomètres de la maison familiale, pour acheter une TD1C pour son rejeton. Et quelques jours plus tard, alors qu’il assiste à une journée d’essais privés de son ainé sur un circuit loué pour l’occasion par son père, le jeune Pat, treize ans à l’époque, déclare tout de go qu’il est convaincu de pouvoir rouler beaucoup plus vite, et qu’il veut lui aussi faire de la compétition. Don Vesco, présent sur les lieux, aurait déclaré ce jour là à sa femme : «si un jour il y a un champion dans cette famille, ce sera ce gamin, Pat...».

Quelques semaines plus tard, ayant triché sur sa date de naissance puisqu’il n’avait pas encore atteint l’âge minimum requis (14 ans !), Pat participe à sa première course au guidon d’une 100cc Yamaha de route. Il finit deuxième. Nous sommes en 1969, la machine est en marche .....

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Merci Philippe pour ce premier chapitre ou le décor familial est bien planté. La semaine precedant ce fameux GP de France 1976,Moto Revue avait choisi Pat pour illustrer le poster central double-pages en insistant sur le coté "L'Amerique en France" comme tu le soulignais un peu plus haut...


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