Le résumé de notre weekend à Magny-Cours:
MERCREDI
Arrivés le mercredi en fin d'après-midi juste pour déballer tout le bor..l, sauter sur une prise électrique disponible, et installer la tente.
La chaleur est étouffante, mes complices de ce week-end Fred et Maxime sont déjà là, ils viennent de Paris avec la moto, ils m'attendent pour installer les néons qui sont dans mon camion, la nuit arrive.
On fait le tour de la bécane, je découvre les dernières modifs faites par Fred.
L'implantation du nouveau radiateur avec les tuyauteries, l'installation du nouveau moteur avec les gros carbus, la réalisation d'une boucle arrière ultra légère la pose d'une petite selle en poly reculée de 5cm (gain de poids facile -8kg), nouveau sélecteur, shifter …
Réglage d'amortisseur suivant les instructions de Bertrand, après le test en vraie grandeur du Paul RICARD.
Tout est peaufiné dans les moindres détails, ça ne peut pas, ne pas fonctionner.
Les premiers essais libres sont pour demain matin 9h25,
on je décide de partir en configuration maxi, de manière à se donner le temps de faire les réglages des gros carbus, qui n'ont jamais fonctionnés en configuration "moto".
Au cas où, Fred a prévu des supports pour une pompe à essence à dépression, comme celle que nous utilisons en Superkart et on choisi de fonctionner comme au Paul RICARD, avec une alimentation par gravité. En principe, on ne change pas ce qui fonctionne.
Seule différence, nous allons utiliser un nouveau carburant, MAGIGAS, acheté aux Italiens au Paul RICARDSeules différences: un nouveau radiateur, un nouveau moteur (ce qu'on a de mieux), avec un allumage différent, les gros carbus, un nouveau carburant.
Finalement ça fait beaucoup de "petits" détails.
Comme il fait très chaud je conserve les réglages de carburation "passe partout", par sécurité.
JEUDI
Jeudi matin 7h, démarrage de la moto. En statique tout semble bien fonctionner.
Maxime va faire un petit tour dans le paddock du bas, qui est vide et … il ne revient pas.
On part à sa recherche, la moto est en panne.
Panne de quoi ? Difficile à dire, Maxime nous dit qu'elle s'est arrêtée.
Retour à la tente, quelques vérifications, RAS, 2 bougies neuves, d'un indice plus chaud, redémarrage, tout semble normal.
Cette foi c'est moi qui monte dessus ou plutôt qui tente de monter dessus car il me faut de l'aide, quelqu'un pour tenir la moto, un tabouret, car mes hanches refusent de s'ouvrir suffisamment. Bref je ne suis pas fier, je ne suis jamais monté sur une moto aussi haute, j'ai l'impression d'être PEDROSA la souplesse en moins.
Je pars pour le parking du bas, qui fait environ 300m de long, suffisamment pour faire quelques allers-retours.
A l'aller tout va bien, au retour la moto tombe en panne, je diagnostique "panne d'essence".
Retour au paddock.
Contrôle général, les cuves sont pleines, tuyaux débranchés, l'essence coule à flot.
Je prends la décision de revenir aux petits carburateurs avec un setting connu, à la satisfaction de Fred, qui n'était pas d'accord avec mes choix initiaux.
Démarrage, j'escalade la bécane en direction de notre piste d'essais, même chose, à peu de choses près.
Aie aie aie! Le temps passe!
J'enrichis la carb, je retourne faire un essai, guère mieux.
J'enrichis à nouveau, ça s'améliore encore un peu.
J'enrichis encore d'une taille de puits, ça ne change pas grand-chose.
C'est l'heure de la première libre, c'est cuit pour celle là!
On continue la tête dans le guidon pour la prochaine à 15h10; on crève de chaud sous la tente il fait lourd.
C'est vrai que la climatologie est un peu particulière
Je redémonte les carbus pour tout vérifier RAS
On redémarre, toujours les mêmes symptômes.
Je cherche avec le logiciel une configuration puits/aiguille qui me permettrait de gommer ce trou à l'ouverture de la poignée, il faut enrichir à partir de30% d'ouverture tout en restant proche de la config précédente, entre 70 et 100%.
Je finis par trouver une solution qui devrait fonctionner.
Je fais plusieurs tours dans le paddock et j'arrive presque à rouler normalement. Elle part sur un filet de gaz, elle accepte que j'ouvre la poignée assez brutalement, évidemment elle est riche mais ça semble roulable.
On envoie Bertrand au "charbon" pour la deuxième séance libre.
Et ça ne fonctionne pas correctement.
La séance est arrêtée après trois tours, par la pluie
VENDREDI
J'ai beau retourner le problème 100 fois dans ma tête, je ne vois pas le début d'une solution.
Et si ça venait de ce nouveau carburant inconnu de nous ???
On cherche de l'AVGAZ dans le paddock, merci PYG qui nous dépanne!
On fait la vidange du réservoir, le nouveau mélange.
Je me tape une nouvelle fois la carburation avec des réglages connus, qui sont d'ailleurs ceux qu'utilise Robert BUFALO sur l'autre moto APRILIA/FPE et qui lui, n'a aucun problème.
C'est l'heure de la Chrono 1
On jette les carbus sur la moto, démarreur, et c'est le miracle!
Bertrand ferme sa combine on le pousse et tout le monde croise les doigts.
Je ne monte même pas le voir rouler, je pose mon c.l sur un banc après cette débauche d'énergie et j'essaie de prendre le temps de réfléchir.
J'entends le speaker "BERTIN 1, MARTINEZ 2, GOLD 3, BUFALO 4. Ouf! Tout va bien.
Bertrand revient la mine défaite, la moto ne fonctionne pas correctement, le moteur coupe plusieurs fois par tour.
Il a quand même fallu lui changer deux bougies sur la pit lane pour lui permettre de faire quelques tours
J'ai oublié un détail qui aura son importance sur l'analyse des problèmes rencontrés, j'ai installé une acquisition de données AIM qui va nous donner des informations précieuse: régime moteur, vitesse, températures d'échappement.
Je sors le PC, extrais les données et je constate en effet que la température d'échappement du cylindre arrière chute brutalement, plusieurs fois par tour.
Ce qui semblerait d'abord confirmer mon analyse d'un manque d'essence temporaire, mais un pilote qui suivait Bertrand nous rapporte que l'échappement arrière fumait très fort par moments.
Ce qui voudrait plutôt signifier une bougie noyée. Donc soit une panne d'allumage, soit une carburation trop riche ???
Changement du boitier d'allumage et des bougies.
C'est déjà l'heure de la Chrono 2
Bertrand réussi à faire deux tours avant que la séance ne soit arrêtée par la pluie, drapeau rouge.
Mais il nous confirme que le moteur ne fonctionne toujours pas. Il tourne en 2'25''
Ca marche moins bien qu'à la première séance!
Je commence à sécher sur les possibilités de solutions.
En désespoir de cause, je décide de revenir au moteur qui fonctionnait au Paul RICARD
Fred et Maxime s'attellent au démontage, pendant que j'ausculte encore les carbus.
Je trouve ce qui semble être des petits morceaux de silicone sous l'un des pointeaux.
Je dépouille le réservoir, le robinet. Je nettoie, je souffle dans tous les trous, je vire le système de mise à l'air du bouchon, constitué par des clapets.
Je vérifie le débit et je constate une bonne amélioration, l'espoir renait.
Je contrôle le moteur que l'on va remonter dans la moto, je m'aperçois qu'il y a un piston serré.
La moto avait refusé de redémarrer à l'issue du parc fermé au Paul RICARD.
Je récupère la paire de cylindres/pistons sur le moteur de Damien et je jette tout ça sur le vieux moteur. J'ajuste les squichs 0.8/0.8 parfait!
Je confie le bébé à Fred et Maxime qui se chargent de le remettre dans le châssis.
Pendant ce temps, je reviens une nouvelle fois à un réglage de carburation standard.
Et je décide de changer une nouvelle fois le boitier d'allumage, le faisceau complet et les bobines.
Ca commence à grogner chez les mécanos Fred renâcle il veut jeter l'éponge, Maxime tire la patte un peu plus.
Je les bouscule un petit peu et on se remet au boulot.
Je sens qu'on n'est pas loin de la mutinerie et je dois user de diplomatie, mais quand Fred lira mon CR, il sera mort de rire car jusqu'à ce jour, il pensait que j'ignorais ce terme.
Bref un peu avant l'heure fatidique à laquelle on n'a plus le droit de faire du bruit, on redémarre et rien n'a changé, toujours les mêmes symptômes.
Là, j'ai un petit coup de mou !
Difficile de faire la synthèse, de tout ce qui s'est passé pendant ces deux premiers jours.
Il reste une chose qui n'a pas encore été changé, c'est la batterie LIPO. Elle a été vérifiée en tension, mais je me dis qu'il serait possible que sa résistance interne ait augmenté, et qu'elle ne serait plus capable de fournir le courant voulu à l'allumage.
On se relâche un peu, on boit quelques bières, puis au lit. Il n'est pas loin d'être déjà demain.
SAMEDI
Je me lève à 6h, une petite douche, très courte puisque l'eau est tellement chaude, qu'il est impossible de rester dessous. Il n'y a pas grand monde dans le paddock. Je me fais un café bien serré et je change la batterie par une neuve.
A sept heures pétante, je réveille ceux qui étaient encore au lit en démarrant mon bouzin, plein d'espoir.
Que nenni, même résultat !
Je ré-ausculte les carbus de 39, évidemment, je ne trouve rien.
Je remonte les gros, espérant un meilleur fonctionnement.
Pas mieux !
J'essaie d'autres réglages, je fais des tours de paddock en essayant de sentir où se situe le problème, sans plus de résultat.
Mes assistants se lèvent peu motivés par la perspective d'une journée de me..e.
Fred veut remballer et rentrer à la maison.
Je suis obligé d'être très persuasif, pour qu'ils acceptent de se mettre au boulot
Je décide de tenter un changement radical du modèle d'allumage HPI à la place de RTD.
Nouveau test, pas mieux.
La moto "marchotte" mais ça ne va pas le faire.
Je repasse au carbus de 39 avec le réglage de base.
Ça semble aller un peu mieux.
C'est l'heure de la première, Bertrand est demandé au parloir.
Lui au moins il ne renâcle pas, il fait le job pour lequel il a été payé, avec bonne humeur.
Je n'ai pas la force de monter sur la piste voir comment ça se passe.
Je me colle à l'ombre sous les arbres et j'entends le speaker "Bertrand GOLD arrêté"
Même pas un tour ! Lamentable !
Le prochain qui vient me demander ce que c'est comme moteur …..
Tout le monde tire la Geu.e, sauf Bertrand qui reste zen.
J'ai beau chercher dans ma mémoire, jamais un de nos moteurs ne nous a fait de tels caprices, je ne sais plus quoi faire.
Allez, il nous reste encore quelques heures avant la deuxième course.
Ne laissons pas cette moto en panne. Même si on ne peut pas participer à la prochaine, profitons que nous sommes sur un circuit pour tenter d'élucider le problème.
Parce qu'il n'y a qu'un problème depuis le début de weekend, toujours le même.
Je suis persuadé depuis le début que la moto tombe en panne d'essence après seulement quelques minutes de fonctionnement.
Et pourtant le débit d'essence à l'entrée des carbus est largement suffisant pour alimenter un gicleur de 215 (Ø2.15mm)
Les autres concurrents montent déjà en pré-grille.
En désespoir de cause, je demande qu'on monte la pompe à essence.
Fred et Maxime s'en occupent pendant que je change la taille des pointeaux dans les carbus et que je refais les niveaux de cuves.
Je place également les réglages connus pour le fonctionnement avec la pompe.
On remonte ……
Miracle ça fonctionne, trop riche mais ça fonctionne comme ça n'a jamais fonctionné du weekend.
On est à 10mn du départ, la moto est en slick et il vient de pleuvoir.
On se jette sur les roues pluie.
L'arrière est OK.
L'avant pose problème, cette roue n'a jamais été monté avec la nouvelle fourche de R6, impossible me mettre l'entretoise gauche, le roulement n'est pas à la même place.
On bricole une entretoise avec une rondelle épaisse que je trouve dans un de mes tiroirs.
Je "charogne" le support de disque de frein, à coup de pince coupante
On remonte.
Bertrand qui nous regarde ferrailler, du coin de l'œil, marque quelques signes d'inquiétude.
Si bien qu'il ose nous demander si tout est bien serré. Plusieurs fois même. Il insiste.
Il ne va pas m'énerver maintenant …
Les pilotes sont dans le tour de formation.
La moto est descendue de la table, Fred pompe pour rapprocher les plaquettes et on pousse Bertrand.
LA MOTO FONCTIONNE !!!
Bertrand est contraint d'attendre la fin du tour de formation, au le feu rouge, dans la pit lane, ensuite il récupérera l'arrière du tour de chauffe.
On l'informe qu'il pourra reprendre sa place sur la grille mais qu'il devra s'acquitter d'un ride through durant la course.
Moi je m'écroule sur une chaise, de toute façon je ne peux pas en faire plus.
Et j'entends le speaker:
"BERTIN a pris la tête devant GOLD" !
"GOLD est en tête maintenant devant BERTIN" !
Je trouve mon passe, je cache tout ce qui pourrait tenter un envieux, je ferme la tente, je saute sur un vélo, je pédale comme un fou pour voir le spectacle.
Bertrand est maintenant derrière Guy, mais au fil des tours l'écart augmente.
MARTINEZ est troisième mais à déjà plus de 10 secondes.
Les deux premiers creusent l'écart, Bertrand rentre pour exécuter son penalty.
Et ressort malgré tout deuxième. MARTINEZ est plus loin derrière.
Maintenant Guy est inaccessible mais Bertrand parvient à augmenter son avance sur MARTINEZ.
La course est arrêtée au 9ème tour car la pluie s'en mêle.
Merci Bertrand, tu nous as rendu le sourire.
Je sais que la moto n'était pas parfaite mais tu as le mérite de l'avoir ramenée à l'arrivée et dans la meilleure position imaginable.
Nous avons tous apprécié ta "zénitude", bravo pour ton professionnalisme.
Robert BUFALO finit 11 avec un pneu arrière à l'agonie.
Bravo également à tous les compétiteurs et à notre organisateur préféré, Jérôme KREBS.
Il me reste à faire mon mea-culpa envers Fred et Maxime mes mécaniciens bénévoles, que j'ai traités comme des chiens, par moment.
L'un parce qu'il n'était pas d'accord avec mes analyses, l'autre parce qu'il roupillait debout alors qu'on était dans l'urgence.
Je dois reconnaître que je ne suis pas un tendre au boulot, mais nous n'avions pas les mêmes objectifs.
Eux étaient venus pour passer un bon weekend entre copains et moi j'étais venu pour battre MARTINEZ à défaut de pouvoir battre BERTIN, pour l'instant.
Et j'ai le sentiment d'avoir gâché leur weekend.
Donc les copains, je vous demande de me pardonner, c'est vrai que je vous ai entraînés dans une direction qui n'était pas celle d'origine, à savoir monter un vieux moteur FPE dans un châssis pourri de 125 qui traînait dans l'atelier avec un coût minimal et voir ce que ça donnait juste pour rire.
On en est loin! Je me suis trop pris au jeu, je ne suis qu'un con
pétiteur.
Désolé.